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Procédure Maastricht 3 : restons attentifs à ses enjeux éthiques !

Abstract

Peu d’analyses des premiers résultats ont été publiées sur la procédure de don d’organes dite Maastricht 3 (M3), mise en place en 2014 en France. Pourtant, cette procédure est soumise à un conflit d’intérêt intérieur pour le médecin qui devra éclaircir son désir d’être utile aux autres par le biais de la promotion du don d’organes sans que cela n’influence sa décision d’arrêt des traitements de l’éventuel patient donneur. Ceci, alors même que les moyens d’établir un pronostic sont souvent limités. Toute modification des pratiques liées à la fin de vie au cours de l’instauration de la procédure M3 – telles la politique d’admission des patients en réanimation, l’administration de la sédation ou encore la procédure de séparation du ventilateur – peut témoigner d’une volonté de maximisation de l’utilité à court terme de cette procédure. Le consentement des proches peut lui aussi se retrouver biaisé par une forte désirabilité sociale ou par un sentiment de culpabilité, et une évaluation sereine ne sera pas réalisée du fait de la rapidité de la procédure. L’éclairage des tensions philosophiques entre les pensées conséquentialistes et déontologiques, l’importance d’un débat dans chaque structure, une indication très restrictive aux patients anoxiques les plus graves, un contrôle a posteriori indépendant, font partie des solutions proposées dans cet article pour réduire ces problèmes. Alors que la « pénurie » actuelle liée au don d’organes pourrait être résolue par un meilleur taux d’acceptabilité de prélèvements de patients en état de mort encéphalique, se pose finalement la question d’un dépassement irrémédiable des limites éthiques qui garantissent le sens premier de l’engagement des professionnels auprès de leurs patients.

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