
Le professeur Claude Perret s’est éteint le 22 juillet dans sa 94ème année, entouré de son épouse Anne et de toute sa famille, dans la quiétude de ceux qui sont en paix, le devoir accompli.
Un très grand professionnel, mais surtout un très grand homme avec un immense cœur nous quitte. Un long parcours d’amitié et de générosité, animé par une intelligence rare et une volonté farouche d’avancer avec courage et élégance : une force tranquille, la force des grands hommes qui, en frayant leur chemin dans ce monde, créent de nouveaux concepts, transforment le monde et font progresser les autres.
Né à Pontarlier dans le Doubs, Claude a fait toutes ses études et sa longue carrière à l’Université de Lausanne comme Professeur de Physiopathologie et a dirigé le service de soins intensifs du CHUV jusqu’à sa retraite en 1996. Il a été doyen de la faculté de médecine de 1992 à 1996. Il a activement participé à la construction de sa jeune spécialité la médecine intensive/la réanimation : fondateur de l’European Society of Intensive Care Medicine et de la Société de Réanimation de Langue Française dont il fût le président en 1974.
Tous ceux qui l’ont connu au travail peuvent témoigner de l’exceptionnel médecin qu’il était. Il aimait prendre en charge les malades, les écouter, les rassurer. Il avait un besoin de mieux comprendre les maladies et chercher les solutions aux défis de la médecine. Il savait conduire les recherches les plus pertinentes, tout spécialement dans le domaine cardio-pulmonaire. Son concept d’hypoventilation lors de la ventilation mécanique pour crises d’asthme sévère a participé à la révolution dans la conception d’une ventilation mécanique moins agressive pour de multiples pathologies, pour ne citer que cela. Sa réussite était flamboyante et généreuse. Il savait susciter l’intérêt des plus jeunes et leur transmettre son savoir, et avait cette générosité d’intégrer dans sa réussite tous ceux qui étaient autour de lui. Il avait aussi la volonté d’encourager les autres à entreprendre et réussir par eux-mêmes.
Bien après avoir pris sa retraite hospitalo-universitaire, il essayait encore d’être utile en publiant plusieurs articles sur la relation médecin-malade : « il faut essayer de rendre à la médecine un visage plus humain en améliorant la communication, quitte à en simplifier le langage… » et sur le rôle de l’équipe vis-à-vis des plus jeunes : « Pour le jeune médecin, l’apprentissage de la maîtrise de soi est une longue histoire. Elle s’acquiert lentement sur le terrain, avec la compétence que procurent les années de pratique clinique et la touche d’humilité que donne l’expérience. Mais c’est aussi une question de mise en confiance : l’assistant doit se sentir épaulé. Et cela suppose de la part des aînés du respect, de la disponibilité, de l’empathie et du tact. »
J’ai eu l’indicible chance de croiser le chemin de Claude à plusieurs reprises. En particulier nous avons coordonné ensemble un « Traité de Réanimation Médicale » qui m’a permis d’apprécier sa grande rigueur scientifique, mais de plus il avait l'art de cultiver l'amitié et la bonne humeur qui rendait tous ces moments joyeux et uniques.
Il était en effet un ami d’exception. Tous ceux qui ont été ses amis peuvent en témoigner : l’amitié pour Claude était sacrée. Il aimait la compagnie des autres et les bonnes tables, il aimait raconter des histoires qui aiguaient les belles soirées avec ce brin d’humour mais toujours d’élégance qui le caractérisait, il aimait vivre et bien vivre. Claude était l’ami par excellence : celui avec qui on passe du bon temps et celui sur qui on peut compter quand on a un problème.
Claude avait le cœur d’un géant : un homme grand, noble, généreux et profondément honnête. Tous ceux qui ont croisé ton chemin, Claude, ne pourront jamais t’oublier.
Pr Jean-François Dhainaut et toute la SRLF