Élections SRLF 2023 : où en est la parité ?

28/11/2023
Auteur(s)
Image
Logo Groupe FEMMIR
Texte

Le groupe FEMMIR (Femmes Médecins en Médecine Intensive-Réanimation) a été créé en juin 2019 pour interroger et améliorer la place des femmes au sein de notre société savante. En effet, si la proportion de femmes parmi les médecins, y compris en réanimation, augmente, elles sont toujours victimes de nombreuses inégalités : violences sexistes et sexuelles, discriminations liées au genre, opportunités professionnelles moins nombreuses, manque de représentativité au sein des différentes instances officielles…

L’un de nos axes de travail était d’étudier la parité femmes-hommes au sein de la spécialité, et d’entreprendre des actions pour améliorer la situation.

Si la proportion de femmes et d’hommes réanimateur-ices tend à s’équilibrer au sein des nouvelles générations (seuls 33% des médecins réanimateurs sont des femmes, mais cette proportion augmente chez les moins de 40 ans, et 48,3 % des internes de MIR à la rentrée 2022 étaient des femmes), cet équilibre disparaît clairement au profit des hommes dès que l’on progresse au-delà de la pratique médicale quotidienne : en 2018, les femmes représentaient 16% des orateur-rices au congrès de la SRLF et 20% des membres des commissions ; en 2021, seuls 12% des chef-fes de services de MIR étaient des femmes ; au 1erjanvier 2023, moins de 10% des PU-PH de MIR étaient des femmes.

Ce constat s’étend au-delà de notre spécialité et touche, au sein de la profession médicale, la majorité des spécialités et tous les pays.

De nombreux facteurs contribuent à ces chiffres : manque de role models féminins ; sex ratio déséquilibré dans les publications scientifiques, les editorial boards des journaux, les instances institutionnelles ; poids des contraintes extra-professionnelles… A ces facteurs s’ajoutent des biais intériorisés à la fois par les femmes et par les hommes, engendrant à la fois auto-censure et discrimination.

L’une de nos propositions pour améliorer les choses, une fois ce constat fait, a été d’œuvrer activement pour l’obtention de la parité à certains niveaux. Ainsi, sur proposition du FEMMIR, le conseil d’administration de la SRLF a voté une résolution en vue de la parité en son sein. Puis une stratégie visant à obtenir la parité au sein de chaque commission de la SRLF a été élaborée, en réservant une partie des postes à des candidates, chaque année jusqu’à ce que la parité soit obtenue.

Les élections 2023 viennent de se terminer : où en sommes-nous ?

Commençons par le principal : au total, l’ensemble des membres des commissions (Conseil d’administration inclus) se compose de 69 femmes pour 75 hommes. Nous y sommes presque ! Quand on regarde plus en détail, 2 commissions sont strictement paritaires (CA et Commission des Référentiels et de l’Évaluation), et 4 commissions comptent plus de femmes que d’hommes (Commission du Congrès Paramédical, Comité de Coordination et d’Organisation des Formations, Commission Jeunes et Commission des Urgences Vitales). Enfin, 6 commissions comptent toujours plus d’hommes que de femmes. Mais la situation ne se mesure pas uniquement à la composition finale des commissions : la répartition candidates/candidats était quasiment paritaire pour la plupart des commissions, et si l’on se penche sur les rapports élues/élus, on arrive à 10 commissions sur 12 pour lesquelles le rapport est paritaire, voire en faveur des candidates, cela notamment grâce aux postes à priorisation féminine. Si l’évolution « naturelle » des choses et la plus grande sensibilisation des femmes à leurs opportunités d’intervenir à ces postes peut expliquer ces résultats, nous pensons que la création de postes à priorisation féminine y joue également pour beaucoup. Loin d’être de simples « quotas » pour « imposer » la présence des femmes, ceux-ci permettent aux femmes de proposer leur candidature et leur expertise au lieu de faire place à l’auto-censure. Évidemment, atteindre la parité ne se fera que progressivement, puisque les commissions se renouvellent progressivement au gré des départs. Mais ces chiffres sont plus qu’encourageant et doivent nous faire poursuivre nos efforts afin d’arriver à la parité réelle au sein des instances de la SRLF, mais également dans les autres situations sources de visibilité. A ce titre, les efforts pour féminiser le congrès de réanimation doivent continuer. La proportion d’oratrices a certes augmenté de 15% de 2019 à 2022, mais n’était toujours que de 26% des médecin exerçant en réanimation (sans modification significative entre 2022 et 2023). Nous sommes convaincu-es que cette dynamique se maintiendra dans les années à venir. D’autres politiques volontaristes doivent être mises en œuvre, notamment dans les comités éditoriaux des journaux de réanimation, à l’instar d’Annals of Intensive Care qui chez qui le pourcentage d’éditrices est passé de 16 à 22% après l’engagement pris à augmenter la présence des femmes au sein de son comité éditorial.

Nous sommes convaincu-es qu’en obtenant la parité, notre spécialité deviendra plus égalitaire et plus épanouissante pour toutes et tous.

Le groupe FEMMIR