Pourquoi diable une 3ème dose de vaccin contre la COVID-19 ?

14/12/2021
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Article NEJM
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Protection of BNT162b2 vaccine booster against Covid-19 in Israel.
Yinon M. Bar-On et al.
New England Journal of Medicine, 2021

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Question évaluée

L’administration d’une 3ème dose de vaccin ARNm chez les patients d’au moins 60 ans  est-elle associée à un risque moindre d'infection et d'hospitalisation pour une infection à SARS-CoV-2 ?

Type d’étude

Analyse rétrospective des données médicales collectées par le Ministère de la Santé Israélien.

Population étudiée

Résidents Israéliens d’au moins 60 ans ayant reçu au moins deux doses de vaccin au moins 5 mois avant le début de la campagne d’administration de la 3ème dose et qui étaient vivants au 30 juin 2021. Les patients suivants étaient exclus : ceux ayant des données manquantes de sexe, ceux qui étaient à l’étranger en Aout 2021, ceux ayant eu une PCR SARS-CoV-2 positive avant le 30 juillet 2021, ceux ayant reçu une 3ème dose avant le 30 juillet 2021 ou ceux ayant terminé leur schéma vaccinal complet avant le 16 janvier 2021. Lors de l’extraction des données (2 septembre 2021), 1137804 résidents Israéliens répondaient aux critères d'inclusion.

Méthode

Le 30 juillet 2021, l’administration d’une 3ème dose (appelée « booster » dans la publication, ou « rappel » dans ce résumé) de vaccin ARNm (BNT162b2, Pfizer–BioNTech) a été autorisée pour les personnes d'au moins 60 ans ayant reçu leur 2ème dose de vaccin au moins 5 moins plus tôt.

La base de données du Ministère de la Santé Israélien a été extraite rétrospectivement le 2 septembre 2021 et les données suivantes ont été collectées : dates et modalités du schéma vaccinal, survenue d’une COVID-19 confirmé ente le 30/07/21 et le 02/09/21 et nécessité d’une hospitalisation pour ce motif.

L'objectif principal était de comparer l’incidence d'infection à SARS-CoV-2 confirmée entre les patients ayant reçu une 3ème dose de rappel de vaccin ARNm et ceux ayant reçu seulement 2 doses de vaccin ARNm.

Résultats essentiels

Au moins 12 jours après l'administration de la dose de rappel, le taux d'infection confirmée était diminué d'un facteur 11,3 (intervalle de confiance à 95% (IC95) [10,4-12,3]) dans le groupe "rappel" par rapport au groupe "sans rappel". Le taux d'infection nécessitant une hospitalisation était quant à lui diminué d'un facteur 19,5 (IC95 [12,9-29,5]).

Une analyse secondaire restreinte aux patients ayant reçu une dose de rappel décrivait une réduction de risque plus importante après 12 jours post-rappel.

Points forts
  • Large étude épidémiologique s'appuyant sur des données nationales ayant déjà fait l'objet de multiples extractions, analyses et publications.
Points faibles
  • En l'absence de randomisation, le groupe ayant reçu la 3ème dose peut être biaisé. Le taux d'infection plus faible dans ce groupe pourrait être lié à une meilleure observance des gestes barrières ou des mesures de distanciation sociale ou sein d'un sous-groupe plus préoccupé par la COVID-19 (et qui se serait donc rué sur l'injection de la dose de "rappel", dès autorisation par le régulateur). L'identification d'une meilleure protection plus de 12 jours après la dose de rappel réduit la probabilité de ce biais car elle suggère un bénéfice "immunologique" lié à la re-stimulation du système immunitaire.
  • La 2ème limite correspond au fait que les données sont issues d'une base administrative. Ainsi, aucune donnée de comorbidités (en dehors de l'âge et du sexe) ne dont disponibles pour évaluer l'impact d'autres facteurs confondants qui pourraient expliquer une différence dans l'incidence de l'infection ou le recours à une hospitalisation.
  • Enfin, l'exclusion des patients ayant reçu leur schéma vaccinal complet plus de 6 mois avant le début de la campagne de rappel ou ceux ayant un antécédent de COVID réduit l'extrapolation de ces résultats.
Implications et conclusions

Ce travail suggère que l'administration d'une dose de rappel de vaccin ARNm au moins 5 moins après le schéma vaccinal initial est associé à un risque plus faible d'infection COVID-19 confirmée et d'hospitalisation pour ce motif chez les patients d'au moins 60 ans.

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CONFLIT D'INTÉRÊTS

Article commenté par David Lebeaux, Unité Mobile d’Infectiologie, Hôpital Européen Georges Pompidou, Université de Paris, France.

L'auteur déclare ne pas avoir de lien d'intérêt.

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CERC

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