
The effect of adhesive tape versus endotracheal tube fastener in critically ill adults: the endotracheal tube securement (ETTS) randomized controlled trial
Janna S. Landsperger, Jesse M. Byram, Bradley D. Lloyd, Todd W. Rice and for the Pragmatic Critical Care Research Group
Crit Care. 2019 May 7;23(1):161. doi: 10.1186/s13054-019-2440-7.
Question évaluée
Comparaison de deux méthodes de fixation de sondes d’intubation (fixation adhésive versus Hollister® AnchorFast Guard) par le recensement des complications rencontrées.
Type d’étude
Prospective, randomisée, monocentrique en ouvert
Population étudiée
Patients adultes, hospitalisés en réanimation sous ventilation mécanique invasive durant au moins 24h
Méthode
Etaient éligible les patients ventilés mécaniquement dans les premières 12 heures suivant leur admission en réanimation. Les affectations de randomisation ont été placées dans des enveloppes opaques numérotées séquentiellement, qui sont restées scellées jusqu’à ce que la décision soit prise de randomiser un patient dans l’étude. L’analyse du patient n’était réalisé que si celui-ci était ventilé au moins 24 heures.
Le critère de jugement principal est un critère de jugement composite associant les ulcères des lèvres, les lésions de la peau du visage, le déplacement de la sonde d’intubation et les PVAM
Résultats essentiels
Sur les 500 patients randomisés, 298 ont été gardés pour l’analyse (145 avec la fixation adhésive et 153 avec le dispositif Hollister®). Les caractéristiques des patients à l’inclusion n’étaient pas différentes entre les deux groupes. L’utilisation d’une attache de type Hollister® AnchorFast Guard entraîne significativement moins d’ulcères des lèvres, de déplacement de la sonde d’intubation, des déchirures de la peau du visage ou de pneumopathie acquise sous ventilation mécanique qu’une fixation adhésive (7.8% vs 17.2% p = 0.014). Il n’y a pas de différence significative de durée de ventilation entre les deux groupes (p = 0.75)
Commentaires
La fixation de la sonde d’intubation est essentielle pour assurer une ventilation optimale aux patients. Cette recherche est la première étude randomisée, contrôlée, prospective comparant deux stratégies de fixation de sondes d’intubation sur des patients de réanimation. L’hypothèse de l’étude a bien pris en compte les quatre complications liées aux fixations les plus couramment décrites.
Du point de vue méthodologique, le fait d’avoir prévu dans le calcul des effectifs les patients n’atteignant pas la 24e heure de ventilation est pertinent. Ceci permettant a permis d’avoir le nombre de patients nécessaires pour l’étude.
Cependant, certains points posent questions.
Premièrement, dans la partie statistique, seulement deux événements indésirables sont utilisées pour calculer l’effectif de l’étude, alors que quatre complications sont étudiées pour l’hypothèse principale.
Deuxièmement, sur les 284 patients randomisés aucun n’a eu de PAVM, Habituellement environ 15 à 20% des patients déclarent une PAVM durant leur hospitalisation en réanimation. Ce fait est possiblement lié à la faible durée moyenne de ventilation (3.9 jours dans les deux groupes),
Troisièmement, une étude observationnelle publiée en 2018 (1) a également comparé la fixation AnchorFast®, avec le cordon simple cette fois-ci. L’étude, de type avant-après comprenait 2 périodes de 3 ans, , permettant dans une première période de relever les complications liées à la fixation type « cordon simple » puis les complications liées à la fixation de type AnchorFast®. Cette étude a montré que l’incidence des blessures par pression buccale a augmenté de façon significative avec la fixation AnchorFast®.
Points forts
• Essai randomisé contrôlé
• Question posée pertinente car aucune étude randomisée n’a été faite auparavant pour comparer ces fixations de sondes d’intubation
Points faibles
• Essai monocentrique.
• Protocole de l’essai publié après finalisation des inclusions
• Statistique sur 2 critères : les mouvements de la sonde d’intubation et les ulcères de lèvres, mais 4 complications étudiées.
• Aucune PAVM pour 298 patients randomisés (avec une moyenne de 4 jours d’intubation) ; habituellement nous retrouvons une moyenne de 20% de PAVM. De plus le protocole original de l’essai ne mentionne pas de manière univoque ce critère de jugement, qui semble plutôt être un critère de jugement secondaire.
• Absence de comité d’adjudication permettant de confirmer le diagnostic de PAVM
Implications et conclusions
La fixation de sonde endotrachéale avec un dispositif spécifique est lié à moins de complications locales que l’utilisation du sparadrap simple. La fixation de la sonde d’intubation est un élément essentiel dans la prise en charge ventilatoire des patients. Peu d’études ont été réalisées comparant les méthodes de fixations utilisées dans les services de réanimation. Des études avec un plus grand nombre de patient seraient plus pertinentes pour confirmer la sécurité et l’efficacité des méthodes de fixations étudiées.
CONFLIT D'INTÉRÊTS
Commenté par Vanessa Zinzoni, médecine intensive polyvalente, CHD Vendée, France.
L’auteure ne déclare aucun conflit d’intérêt.
Le contenu des fiches REACTU traduit la position de leurs auteurs, mais n’engage ni la CERC ni la SRLF.
Envoyez vos commentaires/réactions à l’auteure (vanessa.zinoni@chd-vendee.fr) ou à la CERC.
LIENS UTILES
- Hampson J, Green C, Stewart J, Armitstead L, Degan G, Aubrey A, et al. Impact of the introduction of an endotracheal tube attachment device on the incidence and severity of oral pressure injuries in the intensive care unit: a retrospective observational study.BMC Nursing [Internet]. déc 2018 [cité 1 févr 2019];17(1). Disponible sur: https://bmcnurs.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12912-018-0274-2
COMMISSION CERC
JB. LASCARROU (Secrétaire)
K. BACHOUMAS
SD. BARBAR
G. DECORMEILLE
N. HEMING
B. HERMANN
G. JACQ
T. KAMEL
JF. LLITJOS
L. OUANES-BESBES
G. PITON
L. POIROUX