Un SDRA finalement comme les autres…

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Article ATS
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Respiratory Pathophysiology of Mechanically Ventilated Patients with COVID-19: A Cohort Study.
Ziehr DR, Alladina J, Petri CR, Maley JH, Moskowitz A, Medoff BD, Hibbert KA, Thompson BT, Hardin CC.
Am J Respir Crit Care Med. 2020 Apr 29. doi:10.1164/rccm.202004-1163LE.

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Question évaluée

Quelles sont les caractéristiques de physiologie respiratoire et l’évolution des patients atteints d’une pneumopathie Covid-19 confirmée biologiquement et nécessitant une ventilation mécanique invasive.

Type d’étude

Cohorte bi-centrique rétrospective.

Population étudiée

66 patients admis dans 2 services de réanimation à Boston et nécessitant la mise sous ventilation mécanique.

Méthode

Cohorte prospective observationnelle entre le 11 et 30 mars 2020

Résultats essentiels

Les patients présentaient des caractéristiques démographiques similaires aux cohortes précédentes : âge médian 58 [23-87] ans, prédominance d’hommes (65%/35%) et comorbidités habituelles (HTA 44%, tabagisme 34%, diabète 26%). La durée entre le début des symptômes et l’admission était de 7 [6-10] jours et la durée entre le début des symptômes et l’intubation de 8 [6-10] jours. La proportion de patients ayant reçu de l’oxygénothérapie à haut débit était faible (2%) ainsi que de la VNI (2%). La pression de plateau était à 21 [19-26] cmH20 et la pression motrice à 11 [9-12]. Le décubitus ventral a été réalisé chez 47% des patients et l’administration de curare chez 42% des patients. Uniquement 8% des patients ont reçu des corticoïdes alors que 98% des patients ont reçu des antibiotiques. Le traitement antiviral préférentiel était l’association Hydroxychloroquine/Azithromycine pour 91% des patients. La durée médiane de ventilation mécanique était de 16 [10-21] jours.

Commentaires

Alors qu’il existe des discussions importantes sur la physiopathologie de l’atteinte pulmonaire du SARS-CoV-2 : existence de dommage alvéolaire diffus (1), compliance « anormalement » normale (2), existence de 2 (3) voir de 5 phénotypes (4), ces données américaines sont rassurantes :

  • La prise en charge conventionnelle d’un SDRA permet de prendre en charge de manière adéquate ces patients avec un devenir en accord avec les SDRA de cause bactérienne,
  • La compliance est normale chez un nombre important de patients au moins à la phase aigue (5),
  • Un stratégie de décubitus ventral en accord avec les données de PROSEVA permet d’améliorer l’oxygénation et le pronostic de ces patients (6). Même s’il est important de rappeler que la « réponse » au DV ne doit pas être jugé sur l’oxygénation, puisque le bénéfice n’est pas lié directement à l’oxygénation (7).

Enfin, le rapport P/F médian à 182 [135-245] indique des SDRA modéré expliquant la durée de ventilation mécanique modérée, elle aussi 16 [10-21] et probablement une faible proportion de patients présentant un « drive » respiratoire élevé comme cela a pu être observé.

Points forts
  • Données physiologiques disponibles
  • Cohorte comparable aux patients pris en charge dans les centres européens
Points faibles
  • Effectif faible
  • Données censurées pour un nombre non négligeable de patients avec néanmoins un suivi minimum jusqu’à J30
Implications et conclusions

Il n’y a pas lieu de prendre en charge un SDRA lié au Covid-19 différemment d’un SDRA lié à d’autre cause. En d’autres termes, dans l’attente des résultats d’études randomisées en cours, une prise en charge individualisée de ces patients est possible ,mais dans le respect des recommandations d’experts sur le SDRA 2019 (8).

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CONFLIT D'INTÉRÊTS

Article commenté par Jean-Baptiste Lascarrou et Guillaume Decormeille pour la CERC.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêt.

Le contenu des fiches REACTU traduit la position de leurs auteurs, mais n’engage ni la CERC ni la SRLF.
Envoyez vos commentaires/réactions à la CERC.

 

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LIENS UTILES

  1. Xu Z, Shi L, Wang Y, et al. Pathological findings of COVID-19 associated with acute respiratory distress syndrome. The Lancet Respiratory Medicine 2020;8(4):420-422.
  2. Marini JJ, Gattinoni L. Management of COVID-19 Respiratory Distress. JAMA 2020.
  3. Gattinoni L, Chiumello D, Caironi P, et al. COVID-19 pneumonia: different respiratory treatments for different phenotypes? Intensive care medicine 2020.
  4. Rello J, Storti E, Belliato M, et al. Clinical phenotypes of SARS-CoV-2: Implications for clinicians and researchers. The European respiratory journal 2020.
  5. Bellani G, Laffey JG, Pham T, et al. Epidemiology, Patterns of Care, and Mortality for Patients With Acute Respiratory Distress Syndrome in Intensive Care Units in 50 Countries. Jama 2016;315(8):788-800.
  6. Guerin C, Reignier J, Richard JC, et al. Prone positioning in severe acute respiratory distress syndrome. N Engl J Med 2013;368(23):2159-2168.
  7. Albert RK, Keniston A, Baboi L, et al. Prone position-induced improvement in gas exchange does not predict improved survival in the acute respiratory distress syndrome. American journal of respiratory and critical care medicine 2014;189(4):494-496.
  8. Papazian L, Aubron C, Brochard L, et al. Formal guidelines: management of acute respiratory distress syndrome. Annals of intensive care 2019;9(1):69.
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CERC

JB. LASCARROU (Secrétaire)
K. BACHOUMAS
SD. BARBAR
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